La ligue pour la protection des Oiseaux vient de lancer une grande enquête nationale sur les migrations de libellules en France. La migration des libellules est un phénomène bien connu des entomologistes et des ornithologues, sans pour autant que l'on connaissent les raisons exactes de tels déplacements. Depuis mantenant plus de deux siècles, différents entomologistes se sont penchés sur ce phénomène. La LPO se propose aujourd'hui de résoudre ce problème...
Bien qu'entreprise avec les meilleurs intentions, cette enquête souffre malheureusement d'un cruel manque de rigueur, tout à fait excusable de la part d'ornithologues habitués à l'observation de vertébrés.
Tout d'abord, le terme "migration" est assez mal employé, puisqu'il correspond en réalité à des déplacements allers-retours avec reproduction dans un des lieux (arrivée ou départ). Il est plus juste de parler de Déplacements Spatiaux Dirigés, comme d'ailleurs Corbet (2000) le précise. En effet, les vols de libellules observés en automne n'entament pas de véritables voyages et se contentent de se concentrer à certains endroits abrités (comme le Collet, en Loire-Atlantique), et il est tout à fait improbable que les individus se déplaçant revienne un jour à leur lieu d'origine... De plus, nous avons observé que les vols de libellules en Loire-Atlantique se dirigent vers le nord-est, et que ceux observés en Vendée se dirigent vers le sud-ouest, à la même époque.
Ensuite, ces déplacements ne concernent pas uniquement les représentants du genre Sympetrum. D'autres espèces sont également concernées et appartiennent à des familles différentes comme Aeshna mixta, Anax imperator, Libellula depressa et parfois même quelques zygoptères comme Ischnura elegans... De plus, les Sympetrum sont des espèces assez difficiles à identifier, surtout en vol. Sans captures de la part d'une équipe de travail dédiée à cette étude, il est illusoire d'espérer reconnaitre les différentes espèces.
Des français, des anglais et des américains travaillent sur ce sujet de puis de longues années (voir notamment les travaux effectués sur A. junius aux USA). Les données compilées par la LPO, basées sur un protocole simpliste, vont être très difficile à analyser et à exploiter et il est très probable que le résultat soit inutilisable. Ces études devraient êtres menées par des entomologistes et des scientifiques.
Tout ceci est bien différent des migrations d'oiseaux... a quand "odonatagambideska col libre" !
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